Journal d’une apprentie bouddhiste

20 Juin

31 mai 2012

Des sales moments il n’y en a pas eu beaucoup pendant le voyage, mais celui-là en vaut un paquet à lui tout seul. Ça fait quelques semaines pourtant qu’on sait qu’il va arriver, mais là concrètement ce matin dans cette si belle aube de Bangkok, il est là. L’agitation de l’aéroport tournoie autour de nous mais c’est comme si on n’entendait rien, on ne voyait rien. On enregistre mécaniquement nos bagages, chacun dans sa file. Ce matin, mon amoureux rentre en France. Je redécolle vers le Laos. Lire la suite

C’est que le début d’accord, d’accord

28 Mai

J’ai laissé passer du temps depuis ce matin-là. Mais je me souviendrai…
Je me souvendrai de l’ambiance tellement spéciale de l’aube. On se lève à 4h du matin, pour arriver là-bas avant le soleil. Y a pas « toutes » les aubes. Y a chacune d’entre elles. Le voyage, c’est bien aussi pour ça. Tu sais presque toujours où tu étais « ce » jour-là.
C’est sûr, je me souviendrai de nos trois petites goules et de nos quenottes qui grignotent, pas bien réveillées, sur le muret d’en face Angkor Vat.

 

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Nous partîmes trois, et par un prompt renfort…

24 Mai

On connaissait les 1001 nuits, 20 000 lieues sous les mers et Cent ans de solitude. Mais là, c’est autre chose. D’autres légendes encore. Un autre chiffre qui nous plonge derechef dans l’Eternité, l’Histoire et l’Imagination. Les 4000 Iles. A l’extrémité sud du Laos, elles occupent le Mékong. Ou le Mékong les occupe. Allez savoir qui a commencé. Les 4000 îles: Si Phan Don, en lao. Si le Laos est la tranquillité même, il parait que cet endroit a la palme. Hors du temps. Loin de tout. Alors qu’on chemine une nouvelle fois de pirogue, en mini-bus, en barque, je me demande combien ça fait 4000 Iles. Je me dis aussi, chemin faisant, que mon sac à dos doit peser beaucoup plus que 4000 grammes. Et quand le temps du trajet s’allonge, combien de 4000 minutes dans notre voyage ? 4000 secondes, ça passe en combien de temps ? Qu’est-ce qu’on fait de cet espace-là ? Qu’est-ce que vous faites, vous, de vos prochains 4000 jours ? Lire la suite

Plus d’un tour dans notre Champasak

21 Mai

Parfois en Asie, tu as l’impression que pour une même distance, il faut toujours le même temps, quel que soit le moyen de transport. Faut pas chercher à tout comprendre. C’est comme ça. Donc soit les ânes sont GTI, soit les avions dangereusement lents. En tous cas, de Paksé à Champasak, bus, queton ou avion, il y a une heure. Un point c’est tout. Tant qu’à faire, on décide donc d’éviter les bus et les avions qui ne transportent aucun Laotien. Pour nous ce sera une nouvelle fois, à la sauce locale. Et vas-y que je te case la roulotte à six pattes dans un pti tuk-tuk à trois pattes. Direction Champasak. « Mais ce sera beaucoup plus long qu’en bus, Monsieur ? – Non, une heure. Tout pile, comme en avion ou en bus… !  »

 

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Toute première fois

19 Mai

La roulotte a passé la troisième. Elle fait vrombir son nouveau moteur 3 CV sur les chemins du Laos : pour quelques temps, un nouveau copilote appuie sur les pédales de l’émerveillement. Et ça fait des Wahou ! des AAAAAh ! des OOO oooh ! Parce qu’au volant, Anne-Claire met les pieds en Asie pour la première fois. Alors à bord, en suivant ses regards, ses étonnements, ses questionnements, c’est comme si, nous aussi, on était des p’tits nouveaux sur ces terres d’Orient. Comme si on ré-atterrissait dans notre voyage, comme si on montait dans un tuk-tuk pour la première fois. La roulotte retombe comme en enfance. Lire la suite

J’irai dormir « lao » dans la roulotte

15 Mai

La coutume est de rigueur:  » Oh toi, voyageur ami, qui viendras nous retrouver, un article tu écriras. » – OK ! OK ! Vous excuserez une syntaxe un peu maladroite et un verbe certainement plus simple que le leur, mais je me lance. Et je ne peux commencer sans parler de nos retrouvailles, à l’aéroport de Vientiane, la capitale du Laos.

 

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Voyez-vous, c’est d’un autre Mékong dont je parle

11 Mai

C’est très mystérieux. Les raisons pour lesquelles les peuples qui vivent près de l’eau sont différents des autres, c’est vraiment étrange. Si l’on poussait l’observation plus loin encore, je suis persuadé qu’on trouverait même des différences notables, objectives, entre le comportement des peuples « d’eau douce » et des peuples « d’eau de mer ». L’influence de l’eau sur nos psychologies, sur nos attitudes, jusque dans notre intimité peut-être. Je ne sais pas si cette étude a jamais été faite. Quoiqu’il en soit, il me semble qu’il y a là une part irréductible de mystère. Nichée au nord du Laos, Luang Prabang, devenue au fil des siècles un haut lieu du bouddhisme lao, Luang Prabang porte ce mystère des hommes et de l’eau. Lire la suite

Question d’habitudes

7 Mai

On n’est pas fâchés de quitter Chiang Mai. On sait qu’on n’a rien vu de ses montagnes, de ses rizières ni de ses villages « ethniques ». On a eu ici autre chose « à l’esprit ». Les choses de la vie ne s’arrêtent pas parce qu’on est en voyage. Ce n’est pas parce qu’on est loin qu’il y a « pause ». Non, dans rien. Un an de vie, ce n’est pas un an de vacances. On est en voyage, en route, en chemin, en mouvement, en exploration, en construction, en plein dedans. Alors, aussi provocateur que cela puisse peut-être paraître, on ne se dit jamais : on est en vacances. On n’est pas fâchés de quitter Chiang Mai. Après les « nœuds dans le ventre » qui se sont serrés ici, après de longues tergiversations, on n’est pas fâchés de reprendre la route. Celle-ci particulièrement. Pas question de la prendre à moitié. On ne pouvait pas ne pas être complètement là. C’est le Mékong tout de même ! Lire la suite

Des fois, la vie « chiang mai ».

4 Mai

Nos états d’âme dépendent-ils de l’endroit où ils naissent ? Je me plais à penser que non. Parce qu’à Chiang Mai, une petite ville ouverte entre les joyaux de Sukhothai et le Triangle d’or de tous les fantasmes, j’ai douté de presque tout. Voilà huit mois que nous sommes sur la route. Huit mois, au regard de certains des parcours que nous croisons chaque semaine, c’est rien. Absolument rien. Et en même temps, en huit mois, notre petite rivière intérieure a commencé à gonfler. Lire la suite

Manucure divine

27 Avr

Il est 18h. Je repense à tous ces 18h, tous les jours de notre voyage. Ces 18h du monde. Ces 18h dans le parc d’Etosha en Namibie, invariable rendez-vous des animaux sauvages aux points d’eau. 18h à Salvador de Bahia, place aux danses félines des capoieristes du Terreiro de Jesus. 18 h quand le vent glacial se lève sur les hauteurs de Torres del Paine au Chili. 18h à Nuku Hiva, l’heure où les pêcheurs marquisiens rentrent au port pour la pesée du poisson. 18h encore à Bangkok, matin des néons, des vendeurs ambulants, de la musique forte. Aujourd’hui, mercredi, il est 18h à Sukhothai. Lire la suite